• Suki Dakara (chapitre 2)

    Chapitre 2

     

     

    Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis la rentrée, l’euphorie causée par sa nouvelle vie de lycéenne était passée.

    Désormais, Miyako devait surmonter un problème dramatique : les mauvaise notes !

    Elle avait en effet énormément de mal mais elle continuait à faire de son mieux et restait positive.

     

    -               Mon Dieu…murmura t-elle

    Elle regardait avec effroi le zéro marqué sur sa copie du contrôle de maths.

    Comment avait elle put avoir zéro alors qu’elle avait travaillé si durement la veille… ?

    Elle en avait presque envie de pleurer…

    Elle leva la tête et croisa le regard de Oda.

    Assis à sa place, les mains dans les poches, et complètement affalé sur son siège, il lui lançait un regard interrogateur.

    La mine déprimée, elle fit une bulle avec son index et son pouce.

    Amusée, il secoua la tête d’un air blasé et lui montra sa feuille.

    Elle était vierge ! Il n’avait absolument rien écrit dessus !

    Mais comment faisait il pour passer de classe en classe avec un comportement pareil ?

     

    A l’heure de déjeuner, elle alla sur le toit, à la recherche d’Oda et le retrouva en train de traumatiser un élève de la classe du dessus.

          -      Oda-san ?

    Il jeta un regard vers elle, puis prit un air embarrassé et relâcha sa victime en marmonnant, assez doucement pour qu’elle n’entende pas :

    -                Déguerpis !

    Sa victime recula et partit en courrant, non sans avoir jeté un regard de gratitude vers Miyako.

    Elle le regarda d’un air intrigué et rejoignit Oda qui lui tournait le dos pour regarder la vue.

    -                C’est un ami à toi ?

    -                Ouais, vite fait, on délirai, dit il d’une voix évasive

    Elle se laissa tomber par terre et ouvrit le bentô.

    Elle avait prit l’habitude de préparer deux fois plus de nourritures qu’avant et elle amenait deux baguettes supplémentaires.

    Il avait au départ trouvé cela ridicule et l’avait envoyé balader, mais lorsqu’elle avait proposé à un autre garçon, (pour ne pas gaspiller) celui-ci avait accepté vivement, et Eiji avait reprit aussitôt les baguettes, non sans avoir jeté au garçon, un regard menaçant au passage.

     

    Depuis ils mangeaient ensemble dans le même bentô et Oda s’occupait des boissons et des desserts.

    -                Tu fais quoi ? dit il en engloutissant une bouchée de riz

    -                Je finis mon devoir maison de maths, dit elle la bouche pleine en utilisant le sol comme appui

    -                Pourquoi tu ne l’as pas fait hier ?

    -                J’avais pas finit le devoir de littérature.

    Il but une gorgée de sa canette et se pencha pour regarder ce qu’elle écrivait

    -                Tu n’as pas fait le tien ? dit elle

    Il secoua la tête

    -                Tu ne fais jamais tes devoirs, les professeurs ne te disent rien ?

    -                Ils savent que même en me collant tout les jours après les cours, ça ne changera rien alors…Une punition est sensé corriger, non ?

    Elle leva la tête vers lui

    -                Et bien moi ça ne me corrige pas, alors ils font rien.

    -                Mais comment fais tu pour passer de classe en classe ?

    -                Je réussit les examens de fin d’année, dit il simplement

    Elle faillit pleurer d’injustice.

    Oh mon Dieu, pourquoi ne pas avoir donné cette faculté à tout le monde ?

    Il fronça les sourcils et lui prit la feuille.

    -                Minami ? dit il, tout est faux…

    Elle se figea et se mit à pleurer.

    -                Hey ho, pas la peine de chialer pour ça !

    -                Mais j’ai déjà eu deux zéros ! pleura t-elle de plus belle

    Il la regarda en secouant la tête d’un air blasé et ramassa le stylo en soupirant

    -                Toi alors, je te jure, marmonna t-il en reposant sa feuille devant elle, regardes, tu vas voir, tout est une question de logique.

    Il lui expliqua chaque exercice, la guidant vers les réponses, et à partir du troisième, elle comprit et parvint à faire les deux derniers, toute seule.

    -                C’est bon, là ? dit elle en le laissant regarder

    Il vérifia et hocha la tête.

    -                C’est bon, dit il, allez, manges maintenant sinon tu n’auras pas le temps de finir avant la sonnerie.

    -                Mais si tu es si doué, pourquoi ne fais tu pas tes devoirs ? s’enquit elle en reprenant ses baguettes

    -                Parce que ça ne m’intéresse pas de m’y pencher.

    Elle but une gorgée de cola et le regarda

    -                Pourtant là tu t’y es penché

    -                C’est différent, là je l’ai fait pour toi.

    Elle lui fit un grand sourire et il rougit

    -                N’en fais pas une habitude ! s’exclama t-il, je l’ai fait sans réfléchir, et ça sera la dernière fois !

    Elle hocha la tête et son sourire se fit plus doux

    -                Merci beaucoup, Oda-san.

    Il rougit de plus belle et se releva

    -                Où tu vas ?

    -                Nulle part !

    Il fit mine de regarder la vue …

     

     

    Miyako songea en rentrant en bus qu’elle n’avait pas entendu de rumeur sur Oda depuis quelques temps.

    Il ne se battait plus (du moins le pensait elle) et il avait cessé de briser volontairement les cœurs des filles.

    Motoko lui avait raconté que Karin s’était déclaré à lui, qu’il avait bien sûr repoussé sa demande, mais qu’il n’avait rien fait de compromettant envers elle.

    Etais ce une bonne chose ? Car le fait qu’il se soit à priori calmé poussait les jeunes filles à se déclarer et cela la gênait de plus en plus.

     

    Là, son cœur bondit, la chassant de ses pensées.

    Oda était juste là, derrière la vitre du bus où elle était, il attendait sur sa moto que le feu passe au vert.

    Elle tapa sur le carreau, il ne l’a remarqua pas tout de suite.

    Enfin, il leva la tête vers elle.

    Elle lui fit de grands signes en criant son nom, sans prendre garde aux regards autour d’elle, il soupira, à la fois amusé et honteux, puis, résistant à l’envie de faire « Je ne l’a connaît pas » il répondit à son signe presque à contre cœur.

     

    Miyako finit par descendre à l’arrêt et le rejoignit.

    -                Restes pas sur la route, idiote ! lui cria t-il

    -                Pardon ! Désolée !

    Elle se mit sur le trottoir et il se gara sur le côté.

    -                Je ne savais pas que tu passais par là pour rentrer, dit elle tandis qu’il enlevait son casque

    -                Bah moi non plus, en même temps, je partais toujours avant les bus alors c’est normal qu’on ne se soit jamais croisé

    Un silence s’écoula, Miyako ne savait plus quoi dire…

    Gênée, elle fixa le sol.

    -                On se balade ? proposa t-il

    Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête en souriant.

    Il attacha sa moto et ils marchèrent en ville en discutant de tout et de rien.

    -                Tu dois rentrer à une heure précise ? lui demanda t-il

    -                Pas spécialement, si je rentre plus tard, il me suffit d’envoyer un e-mail à ma mère. Et toi, tes parents ne t’attendent pas ?

    Il secoua la tête

    -                Je n’ai plus de parents, dit il

    Elle écarquilla les yeux et se tourna vers lui. Il donnait l’impression de s’en moquer complètement…

    -                Aujourd’hui, je vis dans un foyer d’accueil.

    Un silence passa et pour changer de sujet, il montra une vitrine du doigt, elle avait des décorations de noël.

    -                Ah ? Déjà ? s’exclama t-elle joyeusement

    -                Bah oui, c’est bientôt.

    -                Tu aimes noël ?

    -                Non.

    Elle haussa les sourcils.

    -                Mais pourquoi ?

    -                Je n’ai pas de raison particulière, je n’aime pas, c’est tout…

    Elle trouva cela triste…

    -                Mais noël c’est un jour sacré pour tout le monde ! C’est le jour où on se retrouve avec les personnes qu’on aime et que…

    -                Tu veux une pomme d’amour ? la coupa t-il

    -                Oh oui, j’adore ça ? s’exclama t-elle

    Il lui en offrit une, et elle l’a mangea en souriant.

     

    Finalement, comme ni l’un ni l’autre ne manifestait l’envie de rentrer, ils allèrent manger au fast food.

    Elle était assise à une table lorsqu’il leur amena le plateau.

    Il était si beau, il avait l’air si sérieux, si grave et, pour une obscure raison, si tourmenté.

    Elle aurait voulu lui dire tout ce qu’il représentait pour elle, ce qu’elle ressentait pour lui...

    Mais elle savait qu’elle n’avait aucune chance.

    S’il trouvait le moyen de repousser des filles magnifiques au corps de rêve, comment pourrait elle avoir la moindre petite chance ?

     

    Ils se mirent à discuter longuement tout en dînant, Miyako était comme toujours, la plus bavarde.

    -                Tu appelles ça un rêve ? marmonna t-il un peu amusé

    -                Bien sur ! s’exclama t-elle, aller à Disney land a toujours été mon rêve !

    Il sourit et but son cola à la paille

    -                Alors pourquoi n’y es tu pas allé ?

    -                Trop cher, marmonna t-elle, et mes parents ne sont pas spécialement riche, ça se saurait !

    Elle rit et il lui enleva la goutte de ketchup qui avait atterrit sur sa joue.

    Elle rougit mais lui, ne sembla guère troublé, il avait fait cela si naturellement…

     

    Plus tard, ils marchèrent jusqu’à sa moto, elle pensait rentrer à pied mais il lui donna son deuxième casque.

    -                Tu as franchement cru que j’allai te laisser rentrer toute seule à cette heure ci ? Idiote comme t’es, tu te ferait enlever direct !

    -                Même pas vrai ! s’exclama t-elle

    Plus tard, lorsqu’ils arrivèrent devant chez elle, elle lui rendit son casque.

    -                Je me demande même si je ne vais pas te ramener tout les soir, dit il, l’air songeur, puisque c’est sur mon chemin

    Miyako était heureuse mais elle tenta de se contenir.

    -                Et puis ça t’évitera de payer le bus, ajouta t-il en se tournant vers elle, ça te dit ?

    Elle sourit et hocha la tête.

    -                ça ne te dérange pas ?

    -                Idiote, si ça me dérangeait, je ne l’aurait pas proposé, dit il en rattachant son casque, allez, rentre, il fait froid.

    Elle hocha la tête, s’inclina devant lui en le remerciant et tourna les talons.

    -                Minami ?

    Elle se retourna et il lui donna un bout de papier.

    Elle l’ouvrit et vit qu’il avait écrit son numéro de portable et son adresse e-mail. Elle rougit et releva vivement la tête vers lui mais il était déjà repartit...

     

    Elle le regarda jusqu’à ce qu’il disparaisse complètement de sa vue, et rentra le cœur battant et léger dans sa poitrine.

     

     

    *

     

    Le lendemain, alors qu’ils déjeunaient sur le toit, une élève les interrompit en regardant froidement Miyako et demanda à Oda si elle pouvait lui parler en privé.

    Ils allèrent de l’autre côté du toit, Miyako les regardait du coin de l’œil, elle l’a vit lui parler, les yeux figés sur le sol et les joues rouges.

    Oda dit quelque chose, elle lève les yeux vers lui, et hocha la tête comme si elle comprenait, puis elle repartit d’un air un peu triste.

    Oda Eiji rejoignit Miyako et continua son repas.

    Miyako le regardait en silence d’un air interrogateur.

    -                Comme d’habitude, marmonna t-il pour répondre à sa question muette

    Ah ? Il a encore repoussé une fille…

    -                Tout le monde dit que tu as changé, dit elle, que maintenant tu n’es plus agressif avec les filles qui se déclarent à toi

    Il haussa les épaules d’un air indifférent

    -                Ils disent même que tu sort moins ton numéro de « démon loubard »

    -                Démon loubard ? répéta t-il en levant vers elle un regard blasé

    -                Oui, dit elle joyeusement, et tant mieux ! Je suis très contente ! Tu faisais peur à tout le monde avant !

    Sympa, pensa t-il

    -                Qu’est ce qu’il y a ?

    -                Mange, dit il en reporta son attention sur le bentô

     

     

    A la fin des cours, les élèves quittaient la salle, les uns après les autres.

          -      Tu me ramènes, Oda-kun ? fit une camarade, j’ai toujours voulu faire un tour de  moto !

    Miyako tressaillit et releva la tête vers Eiji.

    Pourquoi l’idée qu’il puisse passer du temps avec une autre la dérangeait ?

    -                Non, j’avais déjà prévue de le lui demander, s’énerva une autre

    -                Oui et bien il n’empêches que c’est moi qui l’ai demandé avant toi !

    -                Ça sert à rien de vous battre, soupira t-il en enfilant sa veste, je ramène déjà quelqu’un

    -                Quoi ? Qui ça ?

    Il ne fit pas attention à elles et boutonna se veste.

    -                Tu viens? Lança t-il à Miyako

    Rouge de honte, elle le rejoignit, les yeux figés sur le sol pour ne pas croiser les regards à la fois ahuris et assassins des deux jeunes filles.

    -                Tu aurai put être plus discret, dit elle en récupérant des manuels dans son casier avant de partir.

    -                Pourquoi ? Tu aurais préféré que je mente ?

    -                Non, mais bon…

    Elle songea alors que le fan club d’Eiji allait être au courrant.

    Je ne veux pas finir noyer dans la cuvette des toilettes, pensa t-elle paniquée en les imaginant en train de la martyriser

    Ils virent alors une foule de lycéens rassemblés devant le tableau d’information de l’établissement.

    Ils s’en approchèrent et virent une affiche.

    -                Oh un cross ! s’exclama t-elle joyeusement, génial ! Qu’est ce qu’on gagne ? Je suis trop petite pour lire les prix qui sont écrit en bas et il y a trop de monde devant.

    -                On s’en moque du cross, de toute façon j’y ai jamais participé et c’est pas demain la veille que ça va changer !

    -                Allez, par curiosité, dis moi c’est quoi les prix !

    -                Bon, il y aura deux courses, marmonna t-il en regardant l’affiche, une pour les filles et une pour les garçons…Normal. Pour celui qui arrive en troisième position, le prix, c’est un livre, wouah le veinard, je vais tout faire pour arriver en troisième position, moi.

    Elle éclata de rire

    -                Arrêtes, pouffa t-elle, et les autres ?

    -                Celui qui arrive deuxième, il gagne une place de cinéma pour deux personnes, et le premier prix c’est deux entrées dans une station thermale.

    Les yeux de Miyako s’éclairèrent et elle soupira.

    -                La chance, marmonna t-elle en tournant les talons

    -                Pourquoi tu dis ça avant même d’avoir commencé la course ?

    -                Parce que je suis nulle en sport, tu le sais bien…J’arriverai jamais première.

    -                Rien ne t’empêche d’essayer.

    -                Oui, bien sûr, je vais essayer, mais je sais très bien que je ne serai pas parmi les dix premiers, c’est une certitude, j’arrête pas de tomber quand je court…

     

    Finalement, ils s’arrêtèrent dans une cafétéria car Miyako lui avait dit sur le chemin qu’elle n’arrivait pas à préparer le contrôle d’anglais.

    Ils se posèrent à une table et finirent par étudier ensemble.

     

    Le lendemain, avant que le professeur n’arrive, Miyako était toujours en train de réviser.

    Eiji était assit sur un siège à côté d’elle, il rêvassait en mâchant un chewing-gum.

    Miyako le regarda du coin de l’œil et se tourna vers lui.

    -                Tu veux bien me rendre un service ? dit elle

    -                Lequel ?

    -                Réussis ce contrôle !

    Il plissa les sourcils

    -                En quoi ça te rendrait service ?

    -                Nous avons travaillé ensemble ! Je veux maintenant qu’on réussisse ensemble ! ça va me motiver pour le contrôle !

    Il l’a dévisagea d’un air blasé et détourna la tête.

    -                Alors ?

    -                Si tu veux, marmonna t-il, alors fais de ton mieux

    Elle sourit et hocha la tête

     

     

    Plus tard, lorsque Miyako eut la copie, elle commença le contrôle, surprise de la facilité des questions.

    Elle écrivit les réponses sur la feuille, ne parvenant à peine à y croire.

    Lorsqu’elle leva la tête vers Eiji, il fit un mouvement de tête et un froncement de sourcils.

    Une manière de demander « alors ? »

    Elle lui fit un grand sourire et le signe de la victoire.

    Il sourit et se retourna vers sa copie.

    Les élèves étaient estomaqués de le voir travailler, et le professeur peinait à contenir ses larmes de joie.

     

     

    -                C’est la première fois que je réussis un contrôle d’anglais, s’exclama t-elle folle de joie en quittant la salle avec Oda

    Ils montèrent les escaliers et il s’arrêta

    -                Quoi ?

    -                On devrait arrêter de manger sur le toit, t’es toujours en train de congeler, dit il

    Elle soupira intérieurement, elle n’avait pas osé lui demander de manger ailleurs parce qu’il adorait aller sur le toit.

    -                Et si on allait au troisième étage contre le chauffage ? Il n’y a jamais personne là bas

    -                Oui, dit elle joyeusement

    Elle se rappela soudain qu’elle avait oublié les baguettes dans son sac.

    -                J’ai oublié les baguettes, montes installer tout, je vais les chercher !

    Et elle repartit gaiement tandis qu’il montait les marches.

    Lorsqu’elle arriva au couloir de sa salle, elle sentit une main lui attraper violemment le poignet et l’a tirer vers une des salles.

    Elle se retrouva devant huit filles, folles furieuses.

    -                On a à te parler, toi !

    Elle prit un air paniqué et s’inclina

    -                Je suis désolé, vous m’en voulez parce que je suis proche d’Oda-san mais nous sommes juste amis, je vous le promets, il ne s’est jamais intéressé à moi !

    On lui attrapa violemment les cheveux et la tira sur le sol.

    -                Te fous pas de nous ! s’écria l’une d’entre elle

    Elle se prit un violent coup de poing dans le ventre et un autre dans le dos.

    Elle tenta de se relever, mais on lui frappa la cheville, elle retomba sur le sol et reçu une pluie de coups.

    Enfin, elles s’arrêtèrent et l’une d’entre elle l’attrapa par les cheveux pour la forcer à la regarder

    -                Ce n’est pas une gamine comme toi qui va nous voler Oda-kun ! dit elle, ceci n’était qu’un avertissement, si tu tiens à la vie, je te conseilles de te tenir à l’écart de lui !

     

    Puis, elles s’en allèrent, en la laissant ainsi, allongée au milieu de la salle, le corps tremblant.

    Elle se leva, le corps douloureux et marcha d’un pas titubant jusqu’à la sortie.

    Elle s’efforça de ne pas boiter, essuya ses larmes et alla chercher ses baguettes dans son sac avant d’aller rejoindre Oda.

    -                Tu en as mit du…

    Il écarquilla les yeux et fit tomber les canettes.

    -                Qu’es ce qu’il t’es arrivé ? s’exclama t-il en se précipitant vers elle

    -                Rien, pourquoi ? dit elle en souriant

    -                Comment ça rien ? Tu as le visage en sang et plein de bleus!

    Elle vit alors son reflet à travers la vitre 

    Elle saignait sur le front et la tempe, et sa mâchoire était toute bleue, presque noire.

    -                Oh ça c’est rien du tout ! dit elle, en souriant toujours malgré sa douleur à la mâchoire, je suis tombé dans les escaliers

    -                Idiote ! Tu ne pouvais pas faire attention ?

    -                Mais ça va, je n’ai pas mal !

     

    Il l’a força à aller à l’infirmerie et l’a soigna de lui-même car l’infirmière était en pause déjeuner.

    -                Tu t’es pas raté, idiote ! pesta t-il

    -                Désolée…

    Elle grimaça lorsqu’il lui désinfecta la plaie.

    Un long silence passa et Oda se mit à fixer plus intensément ses blessures avant de s’immobiliser…

    -                Minami !

    -                Oui ? sursauta t-elle

    -                Tu me prends pour un idiot ?

    Elle sentit son cœur manquer un battement et s’efforca de sourire.

    -                Pourquoi tu dis ça ?

    -                Je me bagarre depuis que je suis gosse, je sais faire la différence entre un coup reçu et une chute dans un escalier !

    Elle pâlit

    -                Je ne comprend pas, marmonna t-elle

    -                Qui t’a frappé ? s’énerva t-il

    -                Mais personne, enfin…

    -                Ne me ment pas ! explosa t-il

    Elle sursauta et le dévisagea, les larmes aux yeux.

    Il détourna la tête en soupirant et continua à la soigner sans rien dire.

    Puis, il rangea la trousse de secours et referma le placard.

    -                Allez, viens, on a laissé le bentô là haut…soupira t-il

     

     

    Après les cours, Miyako s’empressa de ranger ses affaires et quitta la salle sans attendre Oda.

    Elle ne prit pas le bus non plus, elle décida de rentrer à pied, et ce, malgré sa douleur aux cuisses.

     

    Mais, elle n’avait pas prévu qu’Eiji l’a rattrape en moto.

    -                Pourquoi tu t’es sauvé comme ça ? s’énerva t-il

    -                Pardon mais je…Je voulais rentrer à pied, je voulais…faire un peu d’exercices…ça faisait longtemps que je voulais…

    -                Connerie ! Tu ne me feras pas avaler ça !

    Elle leva ses yeux embués de larmes vers lui et les baissa sur le sol

    -                Pardon…Ne m’en veux pas mais…J’aimerai qu’on mette un peu de …de distance entre toi et moi…

    Il plissa les yeux et l’a regarda en silence.

    Elle renifla et essuya ses larmes avec sa manche, comme une petite fille.

    Oda tiqua et soudain, il fit un bruyant demi tour avec sa moto et repartit dans un crissement de pneu.

    Il était parti avec une telle vitesse qu’il lui avait fait du vent sur le visage.

    -                Mais où est ce qu’il va ? marmonna t-elle

    Enfin, elle repartit en traînant des pieds et rentra chez elle en pleurant contre son écharpe.

     

     

    Le lendemain matin, lorsqu’elle arriva au lycée, elle sentit tout les regards des élèves fixés sur elle.

    Cela l’a mit mal à l’aise.

    Qu’es ce qu’ils ont tous à me regarder comme ça ?

    Elle les voyait discuter entre eux à voix basse en lui lançant des regards à la dérobée.

    -                Miyako ?

    Elle sursauta et vit Motoko et Karin la regarder d’un air un peu contrarié.

    -                Comment tu as fait ça ? fit Motoko

    -                Quoi donc ?

    -                Tu n’es pas au courrant de ce qu’il s’est passé hier ?

    Miyako les regarda d’un air interrogateur.

    -                De quoi vous parlez ?

    -                Oda-kun est allé devant les arrêts de bus où les élèves attendaient, il a freiné brutalement avec sa moto et il s’est levé en jetant son casque, il était fou de rage ! fit Karin

    -                Il a été voir son fan club, continua Motoko, il a engueulé les filles et les a insulté de tout les noms en disant qu’il savait très bien que c’était elles qui t’avaient frappé !

    -                On voyait qu’il enrageait de pas pouvoir frapper des filles ! ajouta Karin

    -                Et après, il y a deux garçons qui sont intervenus, c’étaient les petits copains de deux des filles aparamment

    -                Du coup, ce sont eux qui ont tout prit, les pauvres, il les a pas raté.

    -                Après il a menacé tout le monde en disant que si jamais quelqu’un osait une nouvelle fois toucher à un seul de tes cheveux, il le tuerait de ses mains, garçon comme fille !

    -                T’as vraiment de la chance ! soupira Karin d’une voix rêveuse

    Miyako les regardait, complètement abasourdie, les jours rouges comme une tomate.

    Elle se tourna et vit Oda, assit à son bureau, comme d’habitude.

    -                J’arrive pas à croire qu’il ait pu faire une scène pareille, il s’était pourtant tellement assagis, fit Motoko

     

    Il ne croisa pas une seule fois son regard, même durant les pauses.

    Et à l’heure de déjeuner, il alla tout seul sur le toit.

    Elle hésita longuement, puis se décida finalement à le suivre.

     

    Il était accoudé à la rembarde, et regardait la cour d’un regard vide.

    Elle se mit à côté de lui en silence…sans rien dire.

    Un long silence passa et elle s’éclaircit la gorge.

    -                Tu n’étais pas obligé de faire ça…

    Il ne répondit rien

    -                Oda-san ?

    -                Ne fais plus jamais ça !

    -                Quoi ?

    -                Me mentir…

    Il tourna la tête vers elle

    -                Si quelqu’un te fait du mal, je veux que tu me le dises, surtout si ça me concerne ! C’était bien à cause de moi qu’elles t’ont frappé, non ? Alors tu n’avais vraiment pas à me le cacher !

    Elle baissa la tête, un peu honteuse

    -                Pardon, je suis désolée, murmura t-elle

    Il soupira et reporta son attention sur la vue

    -                J’te jure, t’es pas possible, toi ! dit il en se redressant

    -                Je suis désolée, répéta t-elle

    Là, le dos de leurs mains se frôlèrent.

    Miyako rougit mais ne se dégagea pas, et lui non plus…

    Ils restèrent ainsi un instant et Eiji tourna la paume pour lui prendre la main.

    La jeune fille sentit son cœur s’affoler et fondre délicieusement dans sa poitrine au contact de la main chaude d’Eiji…

    -                Tu es glacée, murmura t-il, tu devrai rentrer à l’intérieur.

    Elle secoua la tête et chuchota, la tête baissée et le visage rouge :

    -                Je veux…rester avec toi

    Il tressaillit et détourna la tête en lachant sa main.

    Un long silence s’écoula, Miyako se sentait honteuse, elle n’en revenait pas d’avoir dit cela…

    -                Viens, dit il

    Elle le regarda et vit qu’il avait ouvert son manteau et qu’il lui ouvrait les bras pour l’inviter à s’engouffrer dans sa chaleur.

    Elle rougit sans bouger, il soupira, lui prit le poignet et l’a forca à venir se rechauffer contre lui.

    Le cœur de Miyako s’affola, elle sentait son odeur, sa chaleur, ses bras puissants contre elle…

     

    Elle rougit, un doux sourire se dessina sur ses lèvres et elle glissa ses mains autour de sa taille pour le serrer contre elle. Elle le sentis alors se raidir légèrement, comme si elle l’avait surpris, et entendit à son oreille, les battements du cœur d’Eiji s’accélérer…

    Puis, il resserra son étreinte et mit sa tête contre la sienne…

     

     

     

     

     


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